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To: Alain Berset und Karin Keller-Suter

Féminicides - dites-le tel que c'est

Toutes les deux semaines en Suisse, une femme est tuée par son partenaire ou son ex-partenaire. Ces meurtres n'ont rien à voir avec un « drame relationnel » et le terme « violence domestique » ne peut pas non plus représenter la violence sexiste qui se cache derrière. Le mot « féminicide » remet en question les structures patriarcales du pouvoir. Les féminicides sont basés sur le sexisme, qui est inhérent à notre système et qui est censé renvoyer les femmes, lesbiennes, intersexes, non binaires, transgenres et asexuées, abrégé FLINTA, à leur place.

Rien que cette année, il y a eu au moins 14 féminicides jusqu'à présent, et en 2021, il y en a eu au moins 17. À ces chiffres s'ajoutent au moins 30 tentatives de féminicide. Alors que tous les autres types d'homicides ont diminué, les homicides sexistes sont restés stables au cours des dernières années. [1]

Le thème des homicides liés au sexe n'est toujours pas nommé par la Confédération pour ce qu'il est : un féminicide. Dans l'analyse, la référence au sexe n'est pas faite par la Confédération. La langue crée la réalité et c'est là que commence le problème : tant que nous continuerons à parler de violence domestique dans les statistiques criminelles, nous minimiserons l'assassinat de FLINTA (2).

La Suisse a ratifié la Convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (3) en 2017 et elle est entrée en vigueur en 2018. Mais à ce jour, une grande partie de la Convention n'a pas été mise en œuvre chez nous. C'est également la conclusion d'un groupe d'experts internationaux dans le rapport GREVIO.

Le rapport GREVIO (4) conclut qu'en Suisse, les ressources consacrées à la lutte contre les féminicides sont beaucoup trop limitées. Conscients que les moyens investis sont généralement insuffisants, nous souhaitons souligner l'une des nombreuses mesures importantes dans ce domaine : le conseil en matière de violence ou le travail des agresseurs. Il s'agit d'offres pour les personnes qui commettent des violences. Notre société doit trouver un moyen de faire face à la violence masculine toxique et c'est précisément là que ces offres sont essentielles, mais elles sont trop souvent oubliées.

C'est pourquoi nous demandons :

- La reconnaissance officielle des homicides sexistes et leur désignation sous le terme « féminicide ».
- Le recensement exhaustif des féminicides ou des tentatives de féminicides et l'évaluation statistique de ces meurtres.
L'étude et l'analyse en temps opportun des féminicides et des tentatives de féminicides afin d'en tirer des leçons et d'empêcher de nouveaux féminicides. Telle est la demande formulée par le groupe d'experts du GREVIO (5)
- Ressources supplémentaires dans le conseil en matière de violence : outre les ressources, il manque également des normes de qualité. Dans ce domaine, la Confédération doit financer des projets visant à introduire une telle norme.

Why is this important?

Le groupe d'experts du GREVIO propose, en tant que mesure, que la Suisse désigne également la violence sexiste de cette manière. À ce sujet, le rapport indique : « Le GREVIO demande instamment également aux autorités suisses de prendre les mesures nécessaires afin de développer une reconnaissance et une compréhension communes du phénomène de la violence à l'égard des femmes en tant que forme de violence sexiste, en élaborant des définitions communes et harmonisées qui définissent une terminologie de référence commune et sans ambiguïté pour la violence à l'égard des femmes, conformément à l'article 3 de la Convention d'Istanbul. » (5) En effet, ce n'est qu'en reconnaissant l'aspect sexospécifique en tant que tel que les féminicides peuvent être enregistrés sous le terme approprié à des fins statistiques. Ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront être examinés et analysés ultérieurement dans ce contexte. Car chaque féminicide est un de trop et empêcher le prochain meurtre d'une FLINTA doit être une priorité absolue.

La manière dont la Confédération parle des féminicides, les saisit et les analyse, crée des réalités. Tant que l'on parle de violence domestique, la violence sexiste n'est pas reconnue. Ainsi, la Confédération ne peut pas lutter contre ses causes de manière efficace. L'absence d'enquête systématique est une occasion manquée de se pencher sur les images patriarcales et toxiques de la masculinité dans notre société.

Nous demandons au Conseil fédéral de ne plus détourner le regard et d'appeler enfin ce sujet urgent par son nom.

1. https://www.swissinfo.ch/ger/warum-die-erfassung-von-femiziden-eine-globale-herausforderung-darstellt/47444186
2. FLINTA : cette abréviation désigne les femmes, les lesbiennes, les personnes intersexes, non binaires, transgenres et asexuées. Nous avons consciemment besoin de cette abréviation dans cette pétition parce que tous ces groupes sont concernés par la violence patriarcale.
3. Convention d'Istanbul : https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2018/168/fr
4. Dans le rapport Grevio, des experts mandatés par le Conseil de l'Europe ont évalué la mise en œuvre de la Convention d'Istanbul en Suisse. Grevio Baseline Evaluation Report Switzerland. Convention d'Istanbul (15 novembre 2022) https://rm.coe.int/grevio-inf-2022-27-eng-final-draft-report-on-switzerland-publication/1680a8fc73
5.« En outre, le GREVIO demande instamment aux autorités suisses de maintenir et d'étendre les mesures visant à enquêter rétrospectivement sur les homicides sexospécifiques et à identifier les lacunes dans la réaction des autorités et/ou des tribunaux susceptibles d'avoir conduit à l'issue fatale, afin d'éviter de nouvelles tragédies et de demander des comptes aux auteurs d'homicides ainsi qu'aux nombreuses institutions différentes qui entrent en contact avec les personnes impliquées. (Section 234) »
6. Dans la langue originale : GREVIO also urges the Swiss authorities to take the necessary measures to develop a common recognition and understanding of the phenomenon of violence against women as a form of gender-based violence by developing shared and harmonised definitions that provide a common and unquivocal reference terminology on violence against women in accordance with Article 3 of the Istanbul Convention.

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